Enora SeisuiÂme Enchainée
Messages : 448 Date d'inscription : 27/04/2011 Localisation : Where my heart will go...
| Sujet: Siberian Grenadine Mer 30 Nov - 21:15 | |
| Bonjour, bonsoir cher(e) ami(e) :3
J'ouvre un nouveau sujet dans cette charmante catégorie pour la simple et bonne raison que mon précédent sujet (I'm a lost cause, not a hero) ne pouvait contenir mes textes en entier. J'ai donc décider d'ouvrir celui-ci exclusivement pour ma nouvelle la plus longue, Siberian Grenadine.
Elikapeka devait se charger de la correction de ce texte, mais il semblerait qu'elle ait moins de temps maintenant... Si quelqu'un se prend l'envie de le corriger mes fautes, qu'il ne se gène pas ^_^ Dernier point à soulever : cette nouvelle est ma propriété, il est soumis aux droits d'auteur légitime à tout texte, il est donc STRICTEMENT interdit de se l'approprier (de manière partielle ou totale), de faire une copie (sauf usage personnel) ou de s'en inspirer. Merci de respecter le travail des autres :)
Bien. Passons à la nouvelle. Je l'ai commencé le 26 Mars 2011, elle est toujours en cours. Sa rédaction prend pour le moment 13 pages en Andalus taille 10. Il s'agit actuellement de mon texte le plus long, applaudissez o/ Dernière mise à jour : 3 Décembre 2011.
Pour un soucis de praticité, j'ai mis mon texte en spoiler. Ça évite de passer une demi-heure à descendre la page pour accéder aux commentaires.
- Siberian Grendadine:
Les accords de guitare sifflèrent pendant encore quelques secondes. Le temps resta en suspend, alors que Luck haletait. La partie finale de la chanson était particulièrement éprouvante pour notre batteur, qui n‘était pas du genre à faire les choses à moitié et ce même s‘il ne s‘agissait que de d'une répétition. Je fermais les yeux un instant, m’appuyant sur le pied de mon micro -qui n’était évidemment pas branché. Dave posa sa basse en décrétant qu’il nous fallait une pause. Je ne pouvais qu’approuver, laissant enfin un peu de répits à mes malchanceux voisins. Pas que j’avais beaucoup de considération pour eux, ça non. Ils étaient beaucoup trop malsains pour ça. Ils étaient là, avec leurs sourires mesquins, se faisant passé pour la parfaite petite famille américaine. Mais je savais que c’était faux. Parce que j’avais vu leur fils, le soir, complètement bourré en train de fumer sur les bancs publics. Je pouvais le comprendre. Et sa sœur, miss parfaite, la meneuse des cheerleaders*. Et pourtant, qui faisait des choses peu recommandable dans les toilettes, après les matchs ? Ces gens ne valaient pas mieux que nous, les « futurs-taulards ». Je m’approchais du baladeur que j’avais posé sur l’établi de mon père, stoppa l’enregistrement en cours avant de glisser les écouteurs dans le pavillon de mes oreilles. Je pressais le petit bouton, et je réécoutais la chanson que nous venions d’interpréter. Quelques minutes passèrent ainsi, moi analysant nos morceau et les autres gars du groupe se reposant dans le petit salon que nous avions installé dans le fin fond du garage. Enfin, petit salon… Trois fauteuils défoncés, une petite table basse vielle comme le monde et un mini-frigo rempli de bière et de soda. Les dernières notes se firent entendre, et je relançai un nouvel enregistrement. Je m’approchais des autres, alors que ceux-ci était en train de fumer, avachis sur les cuirs abîmé de nos sièges. Je plaça mes deux mains sur les hanches tout en rouspétant. - Les mecs, j’vous ai déjà dit de pas fumer là. C’est mauvais pour la voix. - No stress, Jess. - Et on fera quoi si je meurt dans dix ans d’un cancer du poumon ? - D’ici là tu seras vielle et fripée, fit malicieusement remarquer John. - Toujours aussi charmant ! Je soupirai, mais n’abandonnait pas. Pour qui me prenez vous, sérieusement ? Je pris alors la bière de Luck et lança son contenu au visage de John. Mon batteur grommela qu’il n’avait pas fini sa canette et que c’était toujours sur lui que ça tombait. Mon guitariste mouillé, quand à lui, regardait sa cigarette qui étais désormais en piteux état. En d’autre terme, infumable. Il se leva donc et décréta que la pause était fini. Je repris la parole, tout en expliquant point par point ce qui me dérangeait dans le morceau que nous venions d’interpréter. - Bon. Luck, tu ne vas toujours pas assez vite dans ton solo de fin. - QUOI ?! - Calme toi, j’y peux rien, c’est comme ça. - Mais j’ai déjà du mal à tenir cette allure, gémi le batteur. - Entraîne toi. - Mais… - Pas de mais, on passe à la suite. Dave, raccorde ta basse, je t’en supplie. Ton mi est tout simplement horrible. - Ok, acquiesça le concerné en se saisissant de son instrument. - John… - Je sais, je suis parfait. - Pas vraiment. Tu étais complètement a côté des temps. Ton enchaînement Couplet-Refrain est naze. Et on va devoir faire une petite modification, je peux pas placer ma voix. Je me tournais vers le rouquin installé sur un tabouret un peu à l’écart. Jeremy y étais installé, tout calme et silencieux qu’il était. Je lui accorda un sourire, avant de déclarer que j’n’avais rien remarqué de spécial pour sa part. Il sourit de toutes ses dents, me remerciant du regard. J’avais longuement hésité avant de l’accepter dans le groupe. Jeremy n’avais pas spécialement le style que nous recherchions, mais il était tellement doué au piano et à la guitare que j’avais du abdiquer. Et son regard timide avait quelque chose de touchant. Je montai souplement sur le matelas qui nous servait de scène. Tout le monde rejoignis son poste, et Luck entrechoqua ses baguettes pour donner le rythme. Je notai avec satisfaction qu’il avait légèrement augmenter le tempo. Et puis le son électrique de la guitare claqua à mes oreilles comme un feu de forêt. Je commençai à chanter. Ici fini le monde, ici commence le notre.
J’étais en plein milieu de mon refrain quand la guitare s’est arrêtée, suivi à quelques secondes près de la batterie. Je continuai a capella pendant un instant, avant d‘éteindre ma voix. Je me tournais, incrédule, vers la grosse sono près de l’entrée du garage. Un jeune homme se tenait à côté, appuyé avec nonchalance contre le petit mur. Pensant que c’était le petit-fils d’un de mes vieux voisins qui réclamait du silence, je grognais : - Qu’est-ce que tu fais ? - Moi ? Rien ! Il semblait outré, roulant de ses yeux noirs. Je soupirais, avant de remarquer que mon horloge numérique ne marchait plus. Une coupure de courant, certainement. Je soupirai, et lançais aux autres gars d’aller voir ce qui se passait. De toute manière, notre répétition touchait à sa fin. Je reposai mon regard vers l’intrus. Je m’armai de mon sourire poli de jeune fille bien élevé qui tranchait avec mon look plus ou moins… Peu recommandé, disons. J’étais née de bonne famille, issue de la haute bourgeoisie, ne l’oublions pas. - Monsieur, pourrais-je savoir les raisons de votre présence ? Je prenais des pincettes. Si ça se trouve, c’était un patient psychopathe de ma mère. Autant ne pas prendre de risques, n’est-ce pas ? Le possible-fou n’avait cependant pas l’air mentalement dérangé. Il portait une chemise blanche classique et un jean bleu délavé. Très sobre. Une peau mate et des cheveux très sombre, aux reflets dorés. Ses yeux noirs d'encre, absolu, me fixaient. Pire. Ils me dévisageaient. Pas très poli pour un fils de riche. Je ne me détachait pas de ma politesse irréprochable, mais je sentis mes sourcils se froncer. Le jeune homme, car il ne devait pas être tellement plus âgé que moi, fini par enfin me répondre. - C’est évident, non ? Je roulais des yeux. Je n’avais pas vraiment envie de jouer aux devinettes, là tout de suite. - Pas vraiment. Il entra dans le garage, sans autorisation bien sûr. Son regard fureta un peu partout, glissant sur la scène avant de marquer une pause vers l’établi de mon père. Il s’y avança. Il avait vraiment de grande jambe. L’inconnu posa sa main sur mon étui à guitare. Je sentis ma mâchoire se crisper et mon cou rentré légèrement dans mes épaules. Tranquillement, il ouvrit les attaches et s’empara de l’instrument qui trônait à l’intérieur. Elle était d’un noir laqué, parcouru de sortes de fissure rose, et possédait deux micros, quelques boutons et un levier de vibrato. Une très belle guitare électrique. Ses grandes mains la parcoururent, avant de pincer délicatement les cordes. C’en était trop. En trois pas, j’étais à côté de lui, et la récupérait avec brutalité. Le jeune homme baissa les yeux sur moi, vaguement surpris. En fait, il n’y avait pas que ses jambes qui était grandes. Il était immense. Il me dépassait de quoi… Trente centimètres ? A peu près, oui. Je baissais les yeux à mon tour, et m’éloignais. Quand mon regard repris constance, je me tourna vers lui, prête à exiger son départ. Mais John intervint, me prenant de court. - Hé, qu’est-ce que tu viens faire ici ? Son agressivité naturelle avait pris le dessus. En temps normal, je l’aurais tout de suite calmé, mais j’étais d’accord avec lui. J’ étais encore secouée par le fait que l’intrus ai touché Sa guitare. Personne ne pouvait la toucher à part moi. Le métisse ne se démonta pas. Il haussa les épaules, tout en m’observant. - Je vous ai entendu. Je suis guitariste, vous savez. - Le groupe est déjà au complet, intervenais-je en tentant de contrôler ma voix tremblotante. Il plissa les yeux. Attendit quelques secondes, avant de tourner les talons et s’éloigner. - Je reviendrais vous écouter. Ses mots eurent l’impact d’une promesse pas franchement désirée. Je serrais la guitare contre moi, et Dave posa sa main sur mon épaule, compatissant. Je me dégageais, et rangeais avec milles précautions le précieux instrument dans son étui. - On arrête là pour aujourd’hui.
Il tint sa promesse. Pas complètement fou, il attendit quelques jours. Deux semaines en tout et pour tout. Il réapparu un jeudi, en tout début d’après midi. J’avais décidé de l’ignorer et je dois avouer qu’il me facilita la tache. Il restais immobile, appuyé sur le mur, en nous observant. Sa présence perturba un peu nos répétitions aux débuts, mais nous avons finis par nous y faire. Ça aurait pu durer jusqu’à la fin des vacances d’été si l'Incruste, comme on l’appelait désormais entre nous, ne m’avait pas critiqué. Pas méchamment, bien sûr. Mais j’étais très susceptible ces deux dernières années. Un rien me faisait craquer. Ce qui ne manqua pas d’arriver. - T’a un problème ? Lui, sembla surpris. - Non, je dis juste que… - Je t’ai rien demandé. Luck me lança un regard exaspéré, avant de se lever et de s’installer dans le salon. Il fut imiter par John et Dave, alors que Jeremy était parti couper l’enregistrement. - Mais… Calme toi, c’était juste un conseil…! - Peu importe, on supporte ta présence depuis suffisamment longtemps. - Tu m’en veux d’avoir touché ta guitare ? Je sentis le rouge envahir mon visage. Mais, malheureusement pour lui, pas de honte. - Ce n’est pas ma guitare. - Alors, quoi ? - Dégage. Dégage ! Mon guitariste se leva et s’approcha du métisse, se montrant menaçant. Bien que John soit plus petit que lui, l’autre recula. Il secoua la tête, et leva les mains en l’air en signe de soumission. - C’est bon, pas besoin de s’énerver. Il se retourna, traversa la pelouse et monta dans une voiture noire, à l’arrière. Avant de partir, il descendit la vitre teinté et passa son visage tanné par l’encadrement. - Tu as une jolie voix, c’est dommage de trop forcer. Et il parti, accompagné d’une ribambelle de jurons provenant de l’ensemble du groupe. Tellement vulgairement que la petite grand-mère d’en face qui arrosait tranquillement ses fleurs nous regarda d’un air outré et rentra chez elle en claquant la porte. Un silence pesa pendant un peu plus d’une minute. Les autres gars s’était tous rapprocher de moi, formant une sorte de halo protecteur. On se connaissait depuis un peu moins de dix,ans et nous avions toujours étés très proche. J’avais même partagé mes années couche-culotte avec Dave. C’était mon meilleur ami, il me comprenait parfaitement. Il y a deux ans, mon bassiste avait tenté de boucher le trou dans mon cœur, de me remettre le pied à l’étrier. Il avait fallut du temps, mais il y étais parvenu. Bien sûr, je ne L’avais jamais oublié. Surtout pas ce mois-ci. Luck souffla comme un bœuf furieux. - Ce gars est trop chiant. Il nous a pourri l’ambiance. - Un salaud, confirma John. Je me suis retenu de peu de lui en foutre une. - T’aurais du, cracha mon batteur. - Ouais, j’y penserais la prochaine fois. Vous avez vu sa caisse ? Il se faisait conduire. C’était peut-être un fils de producteur ? - On s’en fiche, soupirais-je. Je bosserai pas avec un type comme ça. - Tu lui a pas pardonné d’avoir touché la guitare de Mel, risqua Dave. Je ne répondis pas. Tout le monde connaissait la réponse. J’esquivai donc en leurs proposant d’aller manger un morceau à la brasserie Approbation générale.
Dans la rue, les gens s'écartaient toujours de nous. Parfois, même, ils changeaient de trottoir. Il était vrai que nous faisions un peu peur. Une bande au look souvent décalé , une fille au regard de tueur entourée par des mecs à l'air pas franchement sobre, ça foutait la pétoche aux habitants de notre quartier tranquille. Nous entrèrent dans un petit café nommé "Le Sibérien". Le patron était russe et s'était installé en Amérique après avoir rencontré celle qui deviendra sa femme, après une correspondance inter continentale. Les gérants était plutôt sympa et ouvert d'esprit. C'était les seuls commerçant qui nous autoriser à venir -très- souvent dans leurs battisse. A mon avis, ils ne s'était pas fait que des amis avec nous comme client régulier, mais peu semblait leur importer. Dave partis trouver une table libre, en extérieur pour que mes imbéciles de partenaire puissent fumer, alors que Luck, qui avait emporter ses baguettes de batteur, s'amusait à jouer sur le bords du comptoir. Accompagné par John et Jeremy, je saluais le serveur. Celui -ci, un peu snob, nous adressa un léger signe de tête. Je soupirais en voyant mon guitariste se crisper tout en préparant une insulte bien placé. Je modérais ses ardeurs en mettant fin à la conversation. J'attrapais le bras de Luck, arrêtant ainsi son manège rythmé. En m'éloignant, flanquée des trois gaillards, je commandais cinq Siberian Grenadine. Ces cocktail était surtout composé de sirop de grenadine, d'où ils tiraient leur nom, mélangé à un ou plusieurs alcool. Je ne m'étais jamais demander quoi précisément, le principal étant que ce n'était pas trop fort et très frais. Je repérais, perdu au milieux des visages anonymes et désapprobateurs, les dreads de Dave, confortable installé sur une chaise. Le bougre avait déjà rallumer une clope, et la fumée voletait doucement au bout du bâtonnet ardent... Elle entouré son visage comme un halo trouble. Nous jouions un peu des coudes pour nous frayé un chemin parmi les sièges et nous prenions place à son côté.
- Le service est un peu long, aujourd'hui, fis remarqué Luck. - Tu parles, on est arrivé y'a à peine cinq minutes, remarquais-je. - Neuf minutes, précisément. En prononçant ces mots, John tapota sa cigarette pour la dégagé de ses cendres. J'avais toujours refusé de fumer ne serais-ce qu'une seule de ces saletés. Pourquoi, me direz vous ? Moi qui n'est pas si stricte sur l'alcool et les produits illicites ? C'est bien simple. Je me suis jurée que je deviendrais un chanteuse. On m'a souvent dit que ma voix était un miracle du ciel, hors de question que je l'abîme avec ces conneries. Quand j'étais petite, mes parents me faisait chanter le soir de Noël. En fait, ma mère chante très bien aussi, elle voulait devenir une star. Mais au lycée, elle a rencontré mon père. Ils se sont mariés, et elle a renoncé. Pas parce qu'il lui a demandé, ça non. Mon père est un ange, il est très conciliant. Quand je lui ai demandé la raison de son abandon, elle reste évasive. En tout cas, maintenant elle est psychiatre. Elle soigne les fous. D'ailleurs, c'est bizarre de se faire analyser dès qu'on dit quelque chose à sa mère. Du coup, ça fait bien longtemps que j'évite de me confier à elle. Dave me tira de mes pensée : - Hé, Jesse, regarde qui voilà. Tiens, je perçu dans sa voix une sorte d'agacement. C'était rare de la part de mon bassiste qui était, d'habitude, sympathique avec n'importe qui. J'avais tendance à trouver qu'il était trop ouvert aux autres. Je cherchais du regard le sujet de son intention, qui ne tarda toute fois pas à montrer le bout de son nez. L'Incruste lui-même, quelle chance. Il arriva à notre niveau, tout sourire avant de nous demander s'il pouvait s'asseoir. - Trouve toi une autre place, cracha John. Déjà, ses mains s'était refermé sur la toile sombre de son Jean's. Il tentait de se maîtriser, et ça ne terminerait pas en baston générale. C'était déjà ça. - Moi je veux bien, susurra l'Inconnue. Mais y'a plus vraiment de place, et je suis nouveau par ici. Je ne connais personne à part vous. - Tu ne nous connais pas, précisais-je. - Faux. Je sais que tu t'appelles Jesse, que tu chantes bien, que tes amis sont de vrais gorilles protecteurs et que... - Roh, c'est bon, on va pas y passé la journée, grommela Luck. Installe toi et qu'on en parle plus. Je lui lança un regard de tueur. Depuis quand mon batteur prenait part aux décisions de groupes ? Sans demander son reste, l'Incruste tira une chaise et se plaça entre moi et Dave. C'était la première fois que je pouvais l'observer avec précision. Etrangement , il avait un profil très doux. Sa peau mate prenait des teintes dorées et ses yeux était d'un noir absolu. Comme de l'encre. Ces mêmes yeux qui se tournèrent vers moi en souriant. Un très beau sourire, d'ailleurs. Je sautais sur mes jambes. Jeremy rattrapa mon siège qui avait basculé sous mon bond brusque. Je bredouillais des excuses, avant de tourner les talons et de m'enfuir entre le labyrinthes de gens. John, mettant sa main en porte-voix, me demanda où j'allais comme ça. Distraitement, j'expliquais que j'avais enfin repéré le patron du Sibérien.
- Jesse tu vas être contente. Cet homme à la barbe hirsute qui se tiens derrière le comptoir, c'est le patron du bar. Celui dont je vous parlez tout à l'heure, le Russe. J'incline la tête, mes cheveux blond retombe devant mes yeux. - Ah oui ? - J'ai réussi à décider ma femme. Elle accepte de faire des soirées en musique, les samedis. Vu que c'est les vacances d'été et qu'il n'y a pas grand chose dans le coin, ça attirera sans doutes des jeunes. Tu sais ce que ça veux dire ? Mon coeur s'emballa. Evidemment que je savais ce que ça voulait dire. Je ne pu retenir un frisson d'excitation et de plaisir, ce qui arracha un rire rauque à celui qui tenait les clés de ma futur carrière. - Oui, c'est ça, s'exclama-t-il joyeusement. Depuis le temps que tu me tannes pour ça. Vous jouerez tout les samedis soir. Vous ne serez sans doutes pas les seules à jouer, on compte inviter d'autres amateurs et sans doutes des pros, mais c'est déjà mieux que rien, non ? C'était bien mieux que rien. C'était parfait. Je tournais les talons en un mouvement énergique mais n'eut pas le temps de faire plus de deux pas quand la voix du Russe arriva à mes oreilles : - Et... Pour le nom du groupe ? Je m'arrêtais dans mon élan, coupée net. Le nom, hein ? Je revis ses yeux bleus lagon, ses cheveux brun et son sourire moqueur. Son rire aussi pure que du cristal. Je tournais légèrement la tête, sans oser regarder mon interlocuteur, et répondis d'une voix un peu frêle : - Siberian Grenadine... Comme depuis le commencement.
Je revins machinalement vers notre table, trop perdue dans mes pensées pour remarquer que l'Incruste y était toujours. Je ne m'en rendis compte que lorsque je m'étais assis sur ma chaise et avait ramené les genoux sous mon menton. Tout ces regards masculin était planté sur moi comme de petites aiguilles. Ils étaient tous intrigués par ma mine songeuse, pourtant loin d'être inhabituelle. Je préservais quelques secondes de silence avant d'annoncé avec un désinteret qui était loin d'être réel que nous allions -enfin- jouer devant un vrai publique. Mon effet théatrale était réussis, puisque les gars mirent un moment à comprendre. Bombe. Luck, d'habitude si flemmard et fataliste, faisait hurler ses baguettes à une vitesse ahurissante. John et Dave faisait leurs danse de la victoire qui consister à frapper leurs torses respectifs l'un contre l'autre. Vous savez, ce truc débile que tout les mecs en manque de virilité font. Jeremy applaudissait doucement, un sourire franc -à la limite de la niaiserie- éclairant son visage parsemé de tâche de rousseur. Quand à l'Incruste, il semblait trouver la situation tout à fait cocasse, ce que je ne pouvez que comprendre. Pourtant, le regard qu'il me porta était loin d'être moqueur. Brillant. Incisif. Que cherchait-il ? Avait-il perçu le malaise qui m'avais accompagné alors que mes meilleurs amis n'y avait vu que du feu ? Du feu et des étoiles. Autrefois, ils m'avaient souvent appelé Comète. J'avais perdu mon éclat et mon Ombre il y a de cela deux ans. Mais ça, le métisse ne pouvait que l'ignorer. Mon bassiste, Dave, repris la parole. L'impatience perçait dans sa voix rauque. - C'est sûr, à 100%, aucuns doutes ? - Pas le moindre, soufflais-je. - Jesse, sérieux, tu gères. Heureusement que t'es là, le Russe aurait jamais accepté sans toi. Je souris, sans démentir pour la simple et bonne raison que c'était vrai. La fausse modestie était pire que l'hypocrisie ou l'arrogance. Je faisait tourné la paille dans mon verre, pas vraiment pressée de le boire. De toute manière, même parce ce grand soleil et cette chaleur, il resterait frais et revigorant. Luck pris la parole. Sa voix, à lui, était sèche et basse. Elle tombé comme une pierre. - Bon alors, dis-nous en plus. - Des soirées seront organisé tout les samedis, un peu comme un cabaret. On jouera à ce moment là, mais va falloir assurer les mecs, on sera pas seul. Des amateurs, et surtout des pros. Ce qui veux dire qu'on a des chances d'être remarqué si on se débrouille bien. Il reste 5 Samedis avant la rentrée, 5 représentations, 5 chances. On a tout intérêt à les saisir. Tout le monde acquieça. Un silence pris place. Pas un silence terrifié, ni un silence gêné. Juste concentrés. Nous pensions tous à notre avenir. John et Luck n'avait jamais étais de gros travailleurs. De tous les garçons, c'était eux qui avait le plus à perdre, le plus à gagner. Dave, quant à lui, était intelligent. Son avenir, quoiqu'il arrive serait à la hauteur de son grand coeur. Jeremy, lui, n'avait pas besoin de nous pour se faire un nom. Son talent au piano était renommé dans toute la région et il obtiendrait sans nul doute une bourse d'étude. Et moi, me direz-vous ? Je n'avais jamais envisagé autre chose qu'une carrière musicale. J'avais une vielle promesse à tenir, un souvenir à honoré et une culpabilité infinie dans mon sillage. Ma détermination n'avait plus de limites. - Au fait, je m'appelle Gaël. C'était l'Incruste qui avait parlé. Il me regardé, et les autres ne soulevèrent pas. Sans doute avaient-ils parlé pendant mon absence. Je lui souriais en tentant de passer outre la première -mauvaise- impression qu'il m'avait faîtes. - Moi c'est Jesse. Ses yeux noirs se plissèrent un peu, son sourire s'élargit à son tour. - Oui, je sais. Je détournais mon intention. J'attrapais mon verra avec délicatesse et le porta à mes lèvres. Le liquide coula en moi, me rappelant avec violence tout les souvenirs qu'il enfermait. Mellie.
Je frottais vigoureusement mon crâne avec ma serviette-éponge. Mes cheveux, mouillés, tournés au blond foncé. Je sortais à peine d'une douche fraîche ayant pour principal but d'éloigner mes idées noires. Ce n'était qu'une illusion, bien sûr, mais parfois cela suffisait à m'apporter un peu de sérénité. J'enfilais rapidement un débardeur noir que mon père aurait jugé trop moulant, ainsi qu'un short en Jeans, puis sortais de la salle de bain, pieds nue et encore trempée. Le parquet était très propre, sans un gramme de poussière. Un des nombreux avantages d'avoir des parents riches : se payer une excellente femme de ménage. Entre autre. J'entrais dans ma chambre en jetant un coup d'oeil à mon réveil électronique. L'après-midi était déjà bien avancé puisque qu'il était 17h30. Je m'approchais me mon lit et m'y étalait de tout mon long. Ce n'était pas vraiment élégant, et ma mère m'aurait sans doute expliqué que ce simple geste en disait long sur mon état d'esprit actuel. Elle dirait que c'est une preuve que je ne me remets pas des événements d'il y a deux ans, et que je n'aurais pas du abandonner mon psy. Solidarité professionnel, sans doutes. Il n'y avait pourtant pas besoin d'un diplôme pour savoir que je ne guérirais jamais. Une partie de moi était morte et enterrée, voilà tout. Mon portable sonna. Je roulais sur le côté, un peu trop puisque je basculais dans le vide, me retenant à ma couette qui fut d'un bien maigre secours. Je tombais dans un bruit sourd et pestais bruyamment. Je me relevais, les épaules douloureuses, et me jetais sur mon téléphone juste avant que le solo de guitare ne s'arrête. Je portais le petit appareil à mon oreille, en prenant soin de ne pas toucher mes cheveux humide. La voix granulée de Dave s'échappa. - Jesse, c'est moi. - Tout va comme tu veux ? Je connais ce garçon depuis suffisamment longtemps pour percevoir chacune de ses expression, de ses sentiments. Sa voix était légèrement tendu, comme retenu par un fil invisible. C'était signe qu'il était un peu embarrassé, qui hésitait à m'avouer quelque chose. Je voyais très clairement dans ma tête son visage, les yeux fuyant mon regard et les lèvres légèrement pincés. Après un court silence, mon bassiste me répondit : - En fait, j'ai peu qu'on ai fait un truc qui te plaise pas... Je soupirais. Et voilà. Je maugréais intérieurement, maudissant mes stupides partenaires. Qu'avais-je fait pour mériter des imbéciles pareil ? Ils ne pouvaient pas s'empêcher d'enchaîner les gaffes, de faire des conneries toutes plus invraisemblable les une que les autre. - Laisse moi deviner, vous avez encore voler le petit singe noir du zoo ? - T'abuses, tu sais très bien que ce pauvre innocent est maltraité, enfermé dans une cage trop étroite pour lui... Mal nourris en plus ! Sans oublier que... - Abrège. - Oui, pardon. Nan, on est pas allé au zoo, sauf qu'après ton départ, on a discuté un peu avec l'Incruste, euh, Gaël. - Celui à qui je voulais mettre la raclée de sa vie l'autre fois ? CE Gaël ? - Oui, celui-là, bredouilla Dave. - Je vois. Vous l'avez drogué puis tabassé et il ne se réveille pas ? Parce que si c'est ça, je ne compte pas vous engueulez... Je ne dirais rien à la police, promis ! - Sois sérieuse deux minutes... - J'arrête. Raconte. - Ben, on a pas mal papoté et... - Qui utilise encore le mot "papoté" ? Je l'entendis soupirer avant même qu'il le fasse. Ses réactions étaient tellement prévisible : le faire enrager était d'une facilité impressionnante qui en faisait perdre tout intérêt. Sauf pour moi. - Moi je l'utilise. Je peux continuer ? - Oui. - On parlait tous ensemble et le courant est bien passé. C'est un gars sympa en fin de compte. Son père est dans le milieu musicale, et lui-même veux devenir producteur de disque. Il est en année sabatique, il a fini le lycée l'année dernière. - Donc il a deux ans de plus ? - Oui. Bref, de fil en aiguille, on a fini par lui proposer de venir assister à nos répétitions... Et puis... En fait, c'est un peu comme notre manager. Je m'allongeais sur mon lit, yeux fermés et mâchoire crispée. Comment pouvait-ils être aussi bêtes ? C'était encore pire que ce que je pensais. Bêtes, et égoïste. Ma voix tremblée lorsque je répondis : - Tu ne crois pas que c'est une décision qu'on aurait du prendre tous ensemble ? On est un groupe ou pas ? - Justement, tout le monde était d'accord... On avait la majorité. Bête mais pas aveugle. Je devais admettre qu'il n'avait pas tort. Aussi, je m'avouais vaincu... Pour cette manche. Ce Gaël ne prendrait certainement pas les reines du groupes, ne déciderait ni de la musique ni des chansons. Je coupais court à la conversation en décrétant que j'allais à la salle de gym. Tout en pressant le petit bouton rouge -et ce sans attendre sa réponse-, je secouais la tête. Mes cheveux voltigés en entourant mon visage comme une auréole. Mais je n'avais rien d'angélique. L'ange, c'était Mel, pas moi.
Geste précis, gracieux, lent. Petit saut pour se mettre en jambes. Pas mesurés, plus harmonieux que ceux d'une danseuse classique. Je ferme les yeux un instant, j'oublie tout. Je revois tout. Ses yeux bleux, son sourire. J'entends sa voix murmuré au creux de mon coeur, bien caché dans les fissures de mon âme. Mes longs cils se relèvent, mes paupières s'entrouvrent. La lumière fuse. Mon corps se bascule, se réceptionne sur une seul de mes poignets. Il ne cède pas, supporte le poids de ma musculature comme celui de ma culpabilité. Il résiste. Mon centre de gravité change, tourbillonne avant de retrouver un équilibre précieux. Je tend les bras, je sens les regards envieux de quelques filles qui tentent elle aussi de reproduire mes gestes. Ces filles, je les côtoies depuis tellement longtemps sans avoir quitter un rassurant anonymat. Il y a deux ans, j'avais vu dans leurs regards de la pitié. Si peu, si fausse. Quelques embrassades hypocrite, des mots creux se voulant réconfortants. Puis, l'incompréhension, le dégoût, l'indifférence... L'envie, ah, l'envie. Sont-elles toutes plus sottes les unes que les autres ? Qui donc peut être jaloux de ma situation et de ma douleur ? A moins qu'elle soit si peu visible à ceux qui ne me connaisse pas. A ceux qui ne veulent pas me connaître, et qui ne veulent pas plus percevoir ma peine. Il parait que j'ai une souplesse incroyable, et une grâce innée qui se forgea au cours de mes années d'apprentissage, aussi bien sur une poutre que dans les soirées ennuyeuses, corvées obligatoires pour une fille de bonne famille. La gymnastique. J'ai longtemps hésité avant de me remettre à pratiquer. Doutes inutiles. Dès que Dave m'avait poussé vers la porte du gymnase, je m'y étais engouffré. Je repris mes appuies, baissant avec ampleur mes bras. Je virevoltais, chassant mes problèmes et mes souvenirs à coup de saut périlleux.
Je le sens dans mon dos. Sur ma nuque. Si elle me voyait, elle me ferait son sourire admiratif. Elle me manque.
Luck entrechoque ses baguettes en secouant un peu la tête. Son crâne rasé luie doucement à la lumière malpropre de mon garage. John secoue la tête, attrapant le rythme avec délicatesse, comme s'il attrapait un papillon. Ses mèches châtains se soulèvent par intermittence, alors que sa main jaillit avec brutalité, griffant les cordes. Il leurs arrachent un son incomparable, un cri qui viens du coeur de la guitare elle-même. Quant à Dave, sa basse grise et noire produit un son du tonnerre qui donne une réelle amplitude à la musique. Il a un don pour animer son instrument et le faire vivre comme une personne vivante et entière. De nous tous, c'était celui qui pratique depuis le plus longtemps. Ensuite venait Jeremy, le petit rouquin aussi discret que timide, qui pourtant avait une réelle prestance sur scène. Sa guitare sonnait moins que celle de John, elle était plus douce et plus profonde, à demi chemin entre lui et la basse de mon meilleur ami Dave. Les notes étaient en suspension dans l'air saturé du petit garage. Ce garçon avait le grand avantage de savoir jouer, en plus de sa gratte, du piano. Ce dernier était très utile sur certaine de mes composition, les balades et autres chansons qui avait besoin de sensibilité et d'émotion décuplées. Et puis il y a moi. La chanteuse, le "coeur" du groupe comme on dit. C'est mon rôle d'exprimer avec des mots ce que la musique ressent, de jouer avec ma voix comme avec une batterie, un violon ou une trompette. J'écris aussi les chansons du groupe et compose la plupart des accompagnement ave l'aide de Dave et parfois de Jeremy. Cette chanson, là, que j'interprète à ce moment même, s'appelle "House of Cards" et parle de désillusion, de jalousie et de société décevante. Comme la plupart de mes chansons ; la tristesse est un thème récurant chez moi. Pourtant, peut-on dire que je suis malheureuse ? J'ai une famille aimante, des amis géniaux quand ils veulent, une rêve à poursuivre et surtout, j'ai la musique. Mais non, je ne suis pas heureuse. Je ne pourrais plus jamais l'être, pas tant que je ne l'aurais pas revue. Je me penche en avant, mes cheveux blonds cendrés fouettes mes joues pâles tandis que j'articule les dernière paroles. Je me laisse aller sur le micro tandis que les notes finales fuse et clôture la chanson de manière magistrale. Je souris malgré moi, malgré ma lassitude. J'aurais beau me plaindre, je ne me sens jamais aussi bien que lorsque je constate que notre groupe a énormément progressé. J'ai réussi à avancer, sans elle. Tout le monde réclame une pause, que je leurs accorde sans hésitation. Le concert à beau être dans quelques jours, la chaleurs est étouffante et la fatigue se fait largement sentir. Comme à mon habitude, je compte réécouter les morceaux et traquer les défauts un à un. Il parait qu'à l'approche de Samedi, je deviens tyrannique... Je ne m'en rend pas compte, en tout cas. J'arrête l'enregistrement, navigue rapidement pour le retrouver, et l'enclenche. Je porte les écouteurs à mes oreilles lorsqu'une main se pose sur mon bras, arrêtant mon geste. Je tourne la tête. "Jesse, faut qu'on choisisse les morceaux que nous jouerons ce Week-End." Ce "nous' m'exaspère, autant que la voix mielleuse et douce de Gaël. Ce type est toujours là, dans l'ombre, et surgit dès que l'envie lui prend. Pourtant, je ne peux pas l'envoyer balader. J'ai promis à Dave de faire un effort. Je souris, avec une légère crispation, et j'éteints mon MP3. On va se mettre dans un coin, sur deux tabourets près de l'établis. Ses cheveux noirs cache une partie de son visage mais cela n'empêche pas ses yeux de briller. Il tapote des feuilles du doigt et dis : "J'ai retenu ces partitions, mais je voudrais ton avis. En plus, il va falloir en garder cinq, six, pas plus." J'hochais la tête et observais sa présélection. Je devais l'admettre, il avait un certain goût et un jugement plutôt sur : la plupart de ces morceaux était ceux que l'on jouait le plus souvent. J'acquieçait une nouvelle fois, assez satisfaite. Mon sang ne fit qu'un tour. Au milieu de plusieurs titres était perdu... Je me mordis impulsivement la lèvre. Gaël sembla se rendre compte de mon désarroi et suivit mon regard, mon doigt encore appuyé contre l'encre noire... Il lut à voix haute : - "Ange et démon". Qu'est-ce que ça signifie ? C'est une autre langue ou c'est des mots inventé ? # - C'est du français... - Ah ? C'est pour ça que je n'ai compris aucune parole. Tu parles couramment ? - Je l'ai pratiqué longtemps, mais j'ai arrêté. Ses yeux noirs se plantèrent dans les miens, verts. Je les détournais. Je sentais cette boulle dans ma gorge, dans mon ventre, se reformait. Elle pesait sur mon estomac, me lier la langue à la manière du plomb. Le jeune homme ne protesta pas, et changea gaiement de sujet. Je remarquais cependant qu'il avait mis la chanson dans la pile de celle qu'on garderait pour le concert. Au bout d'une heure, nous avions peser le pour et le contre, débattu avec hargne, parlementé et, enfin, parvenu à une sélection d'un commun accord. C'est avec solennité que Gaël réuni les autres membres du groupe autour du vieux sofa. Il se tenait là, devant nous, dans sa chemise blanche qui tranchait étonnement bien avec son teint sombre. Il tenait dans ses mains, immenses tout comme lui, divers papier qui concernait le groupe. Pour conclure ce tableau de parfait manager, il se racla la gorge avant de commencer. - Bien. Après maintes réfléctions et débat, on a réussi, avec Jesse, à sélectionner six partitions pour samedi. Nous avons choisis tout d'abords parmi celle que le groupe arrive à jouer sans problème, puis les plus réussis, les plus belle. Voici celle que nous avons retenus : House of Cards, Pilot Light, Now I Know, The Last Knight, Poem for a Sailor et Ange et Démon. Il avait insisté pour que ce dernier figure dans notre programme. Je l'avais laissé faire, je n'avais pas le couragede luter contre un ouragan pareil. Dave me regarda à travers ses mèches noires, un peu inquiet. Je lui adressé un sourire discret, signe que tout aller bien. C'était faux. Mes poids et mes chaînes ne m'avait pas quittés. Je profitais que l'Incruste -ce surnom me manquait- explique tout en détail pour me lever et déclarer aller chercher une dose de caféine pour chacun d'entre nous. Une répétition on ne peut plus intense s'annonçait.
Mon front était posé contre le bois, froid, du petit placard sous l'évier. Mon coeur battait à tout rompre, et je me félicitais d'avoir réussi à rester impassible devant les autres. Sitôt arrivé dans la cuisine, je m'étais écroulée sur le carrelage et les larmes avaient coulé d'elle-même, sans que je parvienne à les retenir. Pourquoi avait-il fallu qu'il choisisse cette chanson là en particulier ? N'avait-il pas compris à mon silence que ce n'était pas une chose à faire ? Bordel, était-il idiot à ce point ? Je refermais mon point sur le rebords du lavabo et cognais légèrement mon crâne contre le meuble. J'étais trop fragile. Je pensais avoir guéri, pansé avec soin toutes mes blessures... Il n'en était rien, et c'était peut-être une révélation encore plus douloureuse. Cette chanson est en français parce que Mellie l'est. Enfin, à moitié. Sa mère vient de ce pays d'Europe, elle passait toute ses vacances là-bas. Une fois, même, j'y étais allé. C'était magnifique, incroyable. Inoubliable. Cette chanson, c'était la sienne. La notre. Elle l'avait composé pour nous, au tout début. Si l'instrumental est si beau, si profond, c'est parce qu'elle la créé de toute pièce, à notre image. Cette chanson, c'est une partie de moi, et je ne sais pas si je supporte de l'exposer à tout le monde. Je me redressais, essuyer mes yeux avec application, prenait même le temps de me rafraîchir pour que rien n'y paresse. Je soufflais profondément et préparé, enfin, les cafés. Rien ne servait de se morfondre. En plus, je lui devait bien cet hommage, quoi qu'il m'en coûte.
Je marchais à pas très lent, mesuré, prudent. Je portais avec grande intention un plateau où reposait cinq café et un soda -Luck ne prend pas de caféine-, qui tenait, me semblait-il, par un miracle tellement leurs situation me semblait précaire. Heureusement, j'avais un équilibre suffisamment développé pour venir à bout des nombreux obstacles qui se dressait devant moi, déterminé à me faire chuter. Que ce soit portes coincées, chaussures traînant n'importe où, sol glissant pour je-ne-sais-quelle-raison ou encore un coup de vent bien placé. Pourtant, après trois bonnes minutes de marche -alors que cela ne prenait qu'une petite minute à l'habitude-, je parvenais au niveau du garage. Les garçons semblait en pleine conversation, et je ne pu m'empêcher de m'arrêter et de tendre l'oreille lorsque j'entendis mon nom. C'était Gaël qui parlait : - ... allez me faire croire qu'aucun de vous ne sort ou n'est sorti avec Jesse ? - Bah non, répondit mon batteur Luck sous le ton de l'évidence. - Comment ça se fait ? - Jesse c'est pas une fille, répondit John. On la connais depuis trop longtemps, ce serait trop bizarre de sortir avec une fille qu'on a vu en train de frapper un gars avec son skate... - Carrément, rien que de m'imaginer lui rouler une pelle... Beurk ! Si j'avais pu, je leurs aurait fait bouffer le parterre à ces deux-là ! Moi, pas une fille ? Ce n'est pas parce que je ne mettais pas ma féminité en avant que j'avais des "couilles", comme ils disent si bien. J'entendis le rire de Gaël -très clair, très pur, en accord avec sa voix d'ailleurs- avant qu'il ne reprenne : - Et toi Dave, vous êtes proches non ? - Oui. C'est ma meilleure amie, je ne suis pas amoureux d'elle. - Baah, tu pourrais. Elle est vraiment jolie, ta copine. Ses yeux, c'est vraiment la classe. En plus elle est du genre blonde à forte poitrine, elle a du se faire draguer par plein de mec non ? - Pas vraiment, elle sort jamais sans nous. On doit effrayer ses "prétendants", dis le guitariste en riant. - C'est vrai que vous avez un look un peu spécial, les gars. N'empêche, vous la regarderez mieux et vous verrez que cette fille est canon. Peu à peu, la conversation dévia doucement sur des techniques de musique et sur comment entretenir sa gratte ; je vous passe les détails. Moi, je restais là, tapis dans l'ombre, à attendre que mon coeur se calme. Qu'avait-il à battre à tout rompre ? Sans doute étais-ce l'agacement que je ressentais envers Luck et John. C'était sûrement ça. Ça devait l'être. Je croisais mon reflet dans le rétroviseur de la vielle moto de mon père et me rendais compte que j'avais les joues rosies, ce qui faisait encore plus ressortir mes yeux. Certes, ceux-ci étaient plutôt pas mal, original dira-t-on. D'un vert clair tirant largement sur le bleu, cette couleurs qu'on appelait, je crois, vert d'eau. Mais, avec mes cheveux platines, c'était les seules choses jolies chez moi. Mes lèvres était trop grosse par rapport à mon nez, ma poitrine trop importante comparé à mes hanches, et mes jambes interminables et frêles malgré ma taille moyenne. Non, décidément, je ne comprenais pas Gaël. Peut-être voulait-il détendre l'atmosphère ? Oui, c'était ça. Il avait fait une malheureuse boutade que j'avais prise au sérieux. Rien d'important, donc. Le coeur plus léger, je sortis de ma cachette comme si de rien n'était. Nous avons bus nos cafés, les gars ont tous fumé, même Jeremy qui semblait très stressé à l'approche du concert. Tout comme moi, d'ailleurs. Je remarquais à l'occasion que Gaël non plus ne fumait pas, et quand je lui ai demandé la raison, il me répondit qu'il tenait à sa santé, ce que je trouvais plutôt étrange puisqu'il était assez porté sur la bouteille. Il n'était pas du genre à se bourrer la gueule du matin au soir -pardonnez-moi l'expression- mais je ne l'avais jamais vu refuser une bière. Après quoi, nous sommes retourné à nos répétitions, en tâchant d'interpréter les morceaux avec efficacité. On a été obligé de s'attarder longuement sur Ange et Démon, chanson qu'on jouait rarement à l'accoutumé que notre cher manager avait, en quelque sorte, sortis du placard à balais. Après plusieurs heures d'entraînement, on a réussi à s'améliorer de manière saisissante ; le dernier passage à poser problème était l'interlude au piano de Jeremy, où je devais poser ma voix en vocalise. De ce fait, j'ai renvoyé tout le monde, car il se faisait tard, et on est resté à trois. Gaël tenait à participer, insistant sur le fait qu'il n'avait rien de mieux à faire. Une heure -intense-, plus tard, nous étions épuisés par l'effort, et, de toute manière, mon rouquin de pianiste devait rentrer chez lui. Ses parents étaient assez strictes, ne lui laissant que peu de liberté et insistant pour l'emmener et le ramener quand il venait répéter avec nous. Je vis la voiture bleue de son père se garer devant chez moi. Jeremy se dirigea vers lui, ouvrit la portière et s'installa sur le siège de cuir beige. Je m'approchais pour saluer l'homme d'une cinquantaine d'année qui avait pris la place de conducteur. Celui-ci m'adressa un sourire poli et une petit signe de la main avant de faire ronfler le moteur et de s'en aller. Les parents ne m'aimaient pas, de manière générale. Ils aimaient ma famille, mais ma manière de vivre les repoussait. Bien sûr, il ne l'avait jamais dis comme ça, mais je le savais. Ce n'était pas si grave, en réalité, j'en avais rien à faire de plaire au gens. J'entendis une sonnerie raisonner derrière moi. Je me retournais et voyais Gaël qui décrochait son téléphone high-tech. Il parlait à voix basse, comme s'il ne voulait pas que j'entende, alors je m'éloignais un peu. La curiosité ne m'avait plus rien apporté de bon depuis bien longtemps. A peine une minute plus tard, le métisse revenait vers moi en disant qu'il devait partir tout de suite, qu'il avait quelque chose à faire J'étais plutôt étonné, pour la simple raison que c'était, d'habitude, toujours à moi de le mettre dehors. Il ne semblait rien avoir à traficoter d'autre que de rester dans mes pattes à longueur de temps. Il me lança un petit sourire avant de disparaître à l'angle de ma rue. Je regardais le soleil pendant quelques secondes, il n'avait même pas encore commencer à décliner. Je regardais ma montre et voyait qu'il était à peine dix-sept heures. Je soupirais doucement et toucher du bout des doigts le petit pendentif qui tronait autour de mon cou. C'était une simple sphère creuse en argent. Creuse, mais pas vide.
Dernière édition par Enora Seisui le Dim 4 Déc - 15:18, édité 3 fois |
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